Bonjour madame. Bonjour monsieur.

La lumière traversait doucement l’épaisse chevelure verte et désordonnée qui me retombait sur les yeux.
Fuyant le bruit et l’agitation, j’avais réussi à trouver le sommeil contre un vieux saule au bord d’un lac.

C’était silencieux. Il faisait beau. L’idéal pour une sieste de deux ou trois heures.

Je songeais.

Je pensais, une fois de plus, à cette Enutrofette qui m’avait hébergée pendant si longtemps .A ce qu’elle m’avait dit.
Elle était partie en laissant une simple lettre, ou plutôt une missive, écrite maladroitement sur du papier de mauvaise qualité.

Je ne gardai pas le papier. Je le perdis quelques temps après.
Dans la rue, peut-être. Quelqu’un avait dût le ramasser.
Quoi qu’il en soit, je ne l’avais plus. Au fond, c’était tout ce qui comptait.
Le plus important, dans une lettre, ce n’est pas le papier en lui-même, mais le message qui y est transmis.
Or, je ne m’en souvenais que trop bien. Je tournais et retournais les mots lus sur la lettre dans ma tête continuellement.

«Ma chère petite,
Je vais te raconter ici quelque chose dont tu ne te souviens sûrement pas.
Il y a quelques temps, alors que tu étais toute petite, une jeune sram, que je considérais un peu comme quelqu’un de ma famille, frappa à ma porte.
La nuit était tombée, aussi je ne voyais pas très bien.
J’aperçu quelque chose dans les bras de la sram.
Quand elle s’avança doucement d’un pas, la lumière provenant du hall d’entrée, je vis ce qu’elle tenait.
Un enfant.

Toi.

Elle me dit juste « raconte-lui tout quand elle sera plus grande, elle en aura besoin.». Sur ce, d’un mouvement leste, elle te nicha dans mes bras, me sourit, se retourna, puis partit.
Tu dormais, à ce moment-là. Avec la semi-obscurité, je ne remarquai pas les bandages parsemés de taches de sang enroulés autour de ton crâne, ni les blessures diverses qui couvraient tes bras.
Le lendemain, à ton réveil, tu avais tout oublié. Impossible même de te souvenir de ton prénom.
Au final, tu t’es auto-baptisée Kamayouka.

Je n’ai jamais revu la sram depuis.
Je n’ai jamais su où elle t’avait trouvé, ni pourquoi elle t’avait apporté à moi.
On en entend parler, de temps à autres ...»

Interloquée, j’avais tourné la feuille de l’autre côté, sans comprendre pourquoi cette lettre n’avait pas de fin.

« Soulstorm .»

C’est tout ce que j’avais lu sur le verso de la page.

A présent, des images défilaient dans ma tête.

Une forêt, sombre comme si un voile noir était tombé dessus.
Une clairière, la nuit
Le froid qui régnait.
J’étais seule.
La lune qui se reflétait sur mon couteau.
Un sanglier.
Une douleur à la tête. D’autres aux bras ;
Du rouge.
Du noir.
Plus rien.
Le sifflement d’une dague. Le gémissement d’une bête à l’agonie.
Une vision, à nouveau, plus floue, de la forêt.
Une ombre.
Grande.
Fine.
Qui s’approchait.
Une vision, soudain nette.



Un ange ?

Je mis fin à ces belles images en ouvrant brusquement les yeux.
Un vent tiède s’était levé.
Je fourrageai mes cheveux ; dégageai les deux trois épaisses mèches vert-algue de mes yeux, me redressait, puis partis péniblement vers la ville, cherchant cette personne que, mystérieusement, je voulais rencontrer.

Le soir, alors qu’il faisait sombre, je sortis de cette taverne dans la laquelle j’avais passé la soirée.

Une rue, sombre comme si un voile noir était tombé dessus.
Le froid qui régnait.
J’étais seule.
La lune berçait la rue d’une lumière bleuâtre.
Sur les pavés noirs, j’aperçus un papier.
De nature curieuse, je me penchais pour attraper la feuille.
« On ne t’as jamais appris à ne pas toucher aux affaires des autres ? »
Je me retournais.
Une ombre.
Grande.
Fine.
Qui s’approchait.


Un ange?


-Ah… murmurai-je dans un souffle.
-On se connaît ?
Sans vraiment y penser, je posais mon regard sur la feuille de papier que je tenais à présent dans la main.

« Soulstorm. »

En retournant le papier, je vis qu'il s'agissait de la missive de mémé Enu
Je regardais l’étrangère.
C’était elle, évidemment.

-Bon. Tu me rends ce papier ? Il y a mon nom écrit dessus »
-A moi, murmurai-je bêtement, incapable de dire autre chose. »
La sram se mit à rire.
-Alors c’est toi, « Kamayouka » ?
-Moui…, quelque peu vexée par sa réaction face à mon prénom.
-Hey bien, Kama, pour être honnête, je ne me souviens pas de toi. Ne m’en veux pas, hein. Hum…Pour me faire pardonner, je t’invite à rejoindre ma guilde. Tu n’as pas l’air d’une battante…
J’acquiesçais.
-Viens dans ma guilde. Les gens sont sympas. Monte des niveaux, et montre-moi que j’ai bien fait de te sauver autrefois. Ainsi, on sera quittes, non ? Je t’aide, et tu me pardonnes [de t'avoir zapée].


Je ne lui en voulais pas. Je ne comprenais même pas de quoi elle parlait.
« C’est quoi des guildes ? »
Je me tus, réservant mes questions pour plus tard, et acceptait son invitation, sans trop savoir quoi faire après…

Je sais pas trop non plus ce que t'vas devoir me pardonner mais ok x)

Jolie présentation, et non c'pas la honte =p